
“Silent Voice”, nouvelles sélections en Festivals internationaux
Avr 28, 2021
Silent Voice, le documentaire de Reka Valerik poursuit sa belle carrière avec de nombreuses sélections en Festivals internationaux en mai :
Festival ArtDocFest Riga (Lettonie), du 28 avril au 3 mai en ligne.
Festival Hot Docs (Canada), section World Showcase, en compétition pour la catégorie moyen-métrage et le Prix du public, du 3 au 9 mai en ligne.
Pinkapple queer film festival (Suisse), en compétition, le 8 et 9 mai en salles.
Millenium International Documentary Film (Belgique), compétition Vision Jeune, du 5 au 20 mai en ligne et du 21 au 30 mai en salles.
DOXA Documentary Film Festival (Canada), en compétition internationale pour la catégorie long-métrage, du 6 au 16 mai en ligne.
One World International Film Festival (République Tchèque), section Russian Standard, le 19 mai en ligne, et du 31 mai au 04 juin en ligne, en Belgique.
Diaspora Film Festival (Corée), section Diaspora in Focus : Rainbow Refugees, du 21 au 23 mai en ligne.
Nous profitons du lancement d’ArtDocFest Riga pour vous faire part des remous provoqués en Russie alors que le film était programmé à l’édition russe du même festival, début avril à Moscou et Saint-Petersbourg. Les projections du film, ainsi qu’une grande partie du Festival à Saint-Petersbourg, ont dû être annulées suite à des menaces émanant, a priori, des autorités locales, et à une campagne d’activistes anti-LGBT.
Voici le texte écrit par le réalisateur en réponse à cette censure et qui a été lu devant le public russe :
Je suis triste d’apprendre que la première de notre film ait été annulée. C’est une grande déception, même si je comprends que la priorité du festival est de protéger le public. Ceux qui m’ont menacé, moi et l’équipe d’ArtDocFest, n’ont pas vu Silent Voice, c’est évident. Notre film n’est pas “politique”. C’est une ode à l’amour : l’amour qu’une mère éprouve pour son fils, l’amour que ce fils éprouve pour sa patrie, qu’il a dû soudainement quitter sans le vouloir. Il s’agit aussi d’une ode à l’amour pour la Tchétchénie. Parce que même les homosexuels ont le droit d’aimer leur pays. Il n’y a rien de plus difficile que de fuir son pays, sa famille et sa langue. Et de comprendre que vous ne pourrez jamais retourner là-bas, chez vous. Ce film raconte comment Khavaj a perdu sa voix, son sommeil, son passé, comment il est devenu orphelin à l’âge de 25 ans.
Il n’y a pas de noms dans le film, pas d’accusations, pas de volonté de livrer la “vérité” ou un quelconque sensationnalisme, pas d’images effrayantes ou d’exposés. Le mot “régime” n’est jamais prononcé dans Silent Voice. Tout cela a été consciemment laissé hors du cadre, hors du film.
Je ne suis pas un activiste ou un journaliste. Je suis un cinéaste, un artiste. J’ai fait ce film comme un essai documentaire, hors du temps, et non pour un public ciblé. Je savais que je ne pourrais pas “sauver” la Tchétchénie avec mon film, mais lorsque j’y travaillais, je gardais à l’esprit la citation de Brodsky : “Le monde ne sera peut-être jamais sauvé, mais un individu peut toujours être sauvé”.
Je voulais aussi donner un corps, de la chair, à Khavaj, pour qu’il ne soit pas seulement un homme sans visage avec une capuche ou un visage déformé, donnant des interviews sur la façon dont il a été torturé. Tout au long du film, Khavaj ne prononce pas un seul mot et n’accuse personne. Le plus triste, c’est qu’il ne s’en prend qu’à lui-même.
Je ne perds pas espoir qu’un jour mon film sera vu en Russie, dans les salles de cinéma pour lequel il a été réalisé, dans le cadre d’un festival aussi fantastique et audacieux que ArtDocFest.
En conclusion, je voudrais seulement citer la dernière phrase du beau film, “Le Dernier Voyage de Tanya” de Fedorchenko : “Seul l’amour n’a pas de fin, seul l’amour”.
À ceux que j’ai pu offenser par ce film, qu’ils n’ont même pas vu, je souhaite de l’amour.
Reka Valerik
5 avril 2021
Produit par Dublin Films, en coproduction avec Need Productions et Maelstrom studios.
Ventes internationales : CAT&Docs
Un film soutenu par le CNC (aide avant réalisation), la Région Nouvelle-Aquitaine (aide au programme et aide à la production), Alca, la Fédération Wallonie-Bruxelles, TV7 Bordeaux et la Sabam.